Trois secondes sans prudence
L'accident de voiture, la glissade dans une pente abrupte, la chute
mal assurée, l'avalanche qui nous happe sont autant d'exemples du fait
que notre survie, à la base, commence par une chose toute simple :
éviter les accidents. Ça semble une évidence, mais quand je vois le
nombre de victimes d'avalanches de l'hiver 2005-2006, je me dis que
certaines vérités peuvent être bonnes à rappeler. D'ailleurs mon père
disait toujours que les gros matous qui vivent vieux sont les gros
matous prudents…
Trois minutes sans oxygène dans nos centres vitaux
Passé ce délai, les tissus privés d'oxygène cessent de fonctionner et
se nécrosent. Un bout de peau nécrosé n'est pas une urgence vitale,
mais on ne peut pas en dire autant d'un cerveau ou d'un myocarde. Et que
faut-il pour acheminer de l'oxygène dans nos centres vitaux ? Des voies
aériennes dégagées, une respiration qui fonctionne, une circulation
sanguine efficace : ce sont les fameux ABC que doit connaître tout
secouriste qui se respecte : airways, breathing, circulation.
Trois heures sans abri
Sous une chaleur intense ou dans un froid même relativement doux,
nous mourons en quelques heures. L'immense majorité des gens qui meurent
dans la nature sont victimes de l'hypothermie ou de l'hyperthermie… ou
plus souvent d'un de leurs effets secondaires (altération du jugement,
perte de motricité fine, etc.).
Trois jours sans eau
Dans les faits, ça peut être beaucoup plus (jusqu'à 17 jours par
temps frais et sans activité physique selon Xavier Maniguet), ou
beaucoup moins (24h par temps très chaud et lors d'activités physiques
intenses), mais ça donne une idée de grandeur. D'ailleurs, une bonne
hydratation permet de résister beaucoup mieux à la chaleur ou au froid,
et d'éviter énormément d'ennuis de santé, allant des problèmes de dos
aux infections diverses et variées. Ce qui manque au bonheur de la
plupart des gens que je connais, c'est un litre d'eau en plus dans leur
corps.
Trois semaines sans manger
L'états-unien moyen peut même parler de trois mois, je pense. Chaque
gramme de graisse que contient notre corps stocke la modique somme de 9
kilocalories. Un kilo de graisse, c'est 9000 kilocalories, soit de quoi
tenir facilement trois jours. Si on tient compte du fait que l'organisme
en état de jeune (kétose) est beaucoup plus économe que l'organisme
nourri, et qu'il est en mesure de trouver des calories aussi dans sa
masse musculaire et les protéines présentes dans ses organes divers, je
considère que les réserves énergétiques d'un adulte en santé sont de
l'ordre de 150 000 kilocalories (8 kilos de graisse, soit 72 000 kCal et
20 kilos de protéines utilisables, soit 80 000 kCal). Divisons cela par
deux pour être très conservateurs, et cela nous fait encore 75 000
kilocalories. À 3000 kilocalories par jour (ce qui est beaucoup pour une
personne en état de jeûne, la réalité étant plus proche de 1500), cela
nous laisse une réserve calorique de 25 jours. Le sujet est évidemment
plus complexe que le simple décompte des calories, mais l'histoire est
remplie d'histoires de jeûnes, volontaires ou forcés, dépassant le mois
en durée et dont les individus sont sortis relativement indemnes. Bref :
il y a des choses plus urgentes…
Trois mois sans contact social
Une nécessité vitale que nous avons tendance à oublier est le contact
humain. Même les plus solitaires d'entre nous ont besoin de contacts,
de communication, d'échange. Mais j'ose espérer que si vous vous perdez
en forêt ou en montagne un jour, on vous retrouvera avant que vous ne
perdiez goût à la vie à cause de la solitude...
Sources : http://www.davidmanise.com/textes/piorites.php